"Le talent, ça n'existe pas. Le talent, c'est d'avoir envie de faire quelque chose."
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Jonathan Bridge « L’amour comme dérobade, l’étreinte comme ultime argument, la jouissance en points de suspension »
Amin Maalouf La matinée était encore brumeuse, pourtant Phèdre était déjà assise sur la terrasse du café de chez Flores. Les garçons prenaient machinalement les commandes. Tous les clients semblaient heureux mais en y regardant de plus près, Phèdre arborait un sourire fendu. Il aurait fallu un examen plus approfondi qu’un simple regard lors d’une commande pour s’en apercevoir. Bien qu’entourée de touristes et de garçons de table, elle se sentait seule au monde.
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On entendait ces braves hommes qui tenaient la guerre par le cou
Ces soldats qui rendaient la paix par les coups Mugissaient de fratrie défendaient la patrie en tuant des hommes à la frontière Nés du mauvais côté d’un panneau Et l’étendard tricolore se hissait Mais quelles trois couleurs mais qui sait Et dans les récits les gagnants se félicitaient de vaincre, les perdants n’avaient d’histoire à écrire Lucas Besème Prologue Avant le monde s’adaptait. Du berceau au cercueil, la société comblait le moindre de nos désirs. Aujourd’hui tout est différent. S’habituer. S’adapter. Deux verbes communs aujourd’hui. On les sous estimait avant... On les galvaudait. Personne ne voulait en entendre parler. L’adaptation n’était alors bonne que pour les animaux, dont le destin ne tenait qu’à une seule question: “peux-tu servir l'intérêt humain?” Aujourd’hui tout est différent. L’homme se confortait depuis trop longtemps dans ce sublime mensonge, qu’il était en capacité de formater le monde, d’exiger de ce dernier de se plier au moindre de ses désirs. Un joli mensonge qui ne s’embarrassait pas de vieilles valeurs telles que l’adaptation. Ce qui fonctionnait alors c’était l’éducation. L’homme pour l’homme, s’élevant par lui même et pour lui même. Aujourd’hui tout est différent. L’ancien monde avait domestiqué l’homme. Des bovins, incapables de s’adapter à un changement d’environnement brusque. Lors de l’effondrement, ils s’étaient dévorés entres eux... Ne restaient que ceux qui avaient en eux, encore un peu de cette tension primaire qui motive la survie. Un peu de cet instinct vital, véritable réflexe primitif qui, subsistait encore dans leurs gênes, enfoui et calfeutré sous des siècles de confort. Une petite voix sous leur peau, une pulsion de rien du tout, un influx nerveux de pacotille, dont presque tous avaient oublié la présence. Mais qui, au moment venu, lorsque les repères d’une société repue volèrent un à un en éclats, se manifesta. Ces jours-là, alimentée par la peur d’être à nouveau une proie. Cette peur que l’orgueil humain se vantait d’avoir éradiquée. La petite voix jaillit. Et, se répandant à toute vitesse, de cellule en cellule, à coup de raz-de-marée sanguin dans les veines, et de paquets de volts dans les circuits nerveux, elle investit le corps humain tout entier. Alors, puisant dans une mémoire primitive qui n’oublie pas. Retrouvant ses marques naturelles. Elle lui hurla,
“ [ | þ ` ‘ð’ ↓ ’ ‘ VIE # { _ [ |. Martin Roqueplo Comme un morceau de cire entre mes mains elle est. Et je lui puis donner la forme qui me plaît. - Monsieur de Molière Le mardi 22 avril 1XXX
Aujourd’hui, Nathalie a enfin ouvert les yeux. Je ne me rappelais pas très bien de la couleur de ceux de son modèle, alors je les ai peints en bleu. Je trouvais que cela lui allait bien. Il n’y a pas plus merveilleux moment que ce dernier coup de pinceau. Je l’ai regardée tout entière. Elle était magnifique. Je me suis perdu dans certains détails, ceux qui avaient requis le plus d’attention de ma part ; et j’en suis venu à croire que je préférais la copie à l’original. Daniel Pujo L’histoire. Tu as choisi un domaine d’étude intéressant mon cher Nicolas. J’ai longtemps été intrigué par l’histoire, par son rapport au temps et sa transmission. Tu vois mon garçon, pour croire en l’histoire, il faut faire confiance aux acteurs qui l’ont bâtie, croire au passé et étudier les preuves dont nous disposons. Avant que tu ne te lances dans de passionnantes expertises, je préfère te mettre en garde. Malgré toutes les informations qui ont pu être collectées à travers les âges, n’oublie jamais une chose : l’histoire est par essence incertaine car elle dépend de trop de variables inconnues que tu ne peux ni cerner, ni contrôler. Si elle se veut vraie au possible, elle nécessite parfois des modifications afin d’être juste. Le passé est malléable et il peut être déformé afin de réécrire l’histoire. Nous avons encore quelques heures avant ton départ pour l’université, alors laisse ton grand-père te faire part d’un vieux récit, celui qui décrit comment un homme a eu la brillante idée de masquer une partie de l’histoire afin de préserver l’avenir. Prête attention Nicolas, tu vas entendre mon histoire, ou devrais-je dire l’histoire.
Laura Pettex Clara
Clara, allongée sur le dos, contemplait le plafond de sa chambre. Songeuse, elle repensait à la discussion matinale qu’elle venait d’avoir avec son père. « Pense-t-il réellement que ses paroles m’aident ? » se demanda-t-elle. En effet, la conversation avait majoritairement gravité autour d’un point : ses choix d’avenir. C’est un sujet qui revenait régulièrement et causait souvent des désaccords entre le père et la fille. Marie-Bénédicte Schneider-Maunoury Je me souviendrai toujours de la première fois où j’ai tenu ce masque entre les mains. Ça n’a pas franchement été le coup de foudre entre nous, mais en fin de compte, ce qu’il m’a permis de vivre m’a fait oublier toutes les appréhensions et tous les désagréments qu’il a suscités. A présent, j’affirme même que je serais prête à endurer dix fois pire, pourvu que je puisse vivre à nouveau la merveilleuse découverte qui suivit cette première rencontre. Assise au milieu de mon salon, l’objet entre mes mains, je me laisse aller à la douce rêverie qui me prend chaque fois que je repense à ce jour, et qui, si d’aventure un pauvre bougre se voit un jour condamné à écrire ma biographie, sera à placer parmi ces évènements qui auront changé le cours de mon existence.
Paul Puechbroussou Qu’est-ce qui avait bien pu se passer dans la tête de Roland Hyphren pour commettre un tel acte ? La question résonnait dans toutes les têtes, était posée sur toutes les lèvres des habitants de X, charmante bourgade ensoleillée, traversée par un fleuve des plus rafraîchissants, dont le calme ordinaire, seulement perturbé par les escapades nocturnes de ses jeunes résidents, avait été troublé par un incident des plus incongrus.
Fanny Clausse Blanc. Bleu nacré. Orange virant un peu au jaune. Les pigments et fards sont choisis avec soin. Esquissé avec aisance, un tracé épais et noir vient briser l’harmonie. Contraster avec ces couleurs trop joyeuses. Il sépare, démarque, souligne. Dernière touche, un peu de lumière.
« Bordel ! », le pot de paillettes lui échappe des mains et se répand dans la vasque de la salle de bains. Vite, Andréa s’empresse d’en sauver une partie, avant d’abandonner. Tant pis, ce sera pour plus tard. Sous son œil droit, une partie de son mascara s’échappe. Elle tente tant bien que mal de le dissimuler d’un coup de pinceau. Un dernier regard dans la glace, une mèche lui caresse la joue droite. Elle est fin prête. Candice Didion Le matin. Réveil. Regarder les murs et le plafond. J’aime cet appartement, c’est une bulle de confort que j’ai construite, ou plutôt aménagée de mes mains, je m’y sens bien. Et pourtant à chaque réveil je ne peux m’empêcher de maudire l’apparition de ses murs, ils me remettent les pieds dans une réalité dont parfois j’aimerais m’échapper. La nuit, les rêves, à quelques rares exceptions près, ne peuvent pas être maitrisés, contrôlés, quand dans la réalité de l’éveil, tout est toujours sous contrôle, ou c’est au moins ce que l’on prétend. J’ai du temps ce matin, une fois n’est pas coutume, mais au lieu d’en profiter pour faire une des nombreuses choses de ma « to-do liste », je préfère me tourner et me retourner dans mon lit à profiter des derniers moments avant de sortir et affronter ce qui m’attends dehors, derrière mes volets encore fermés qui me protègent illusoirement de l’extérieur. Je ne parle pas de ce que j’ai prévu en activité, savoir que je dois aller faire des courses ce soir n’a aucun intérêt, c’est un acte d’une banalité insolente qui ne mérite pas que l’on s’attarde dessus en tant que tel.
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