"Le talent, ça n'existe pas. Le talent, c'est d'avoir envie de faire quelque chose."
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Antoine Ducret La foule autour de lui hurlait. Impatiente. Un soleil chaud rendait l’attente encore moins supportable. Ici et là des gens faisaient des malaises. La foule comme un seul corps, extirpait alors l’être inconscient jusqu’à une extrémité, où des services de soin attendaient. Des rumeurs couraient un peu partout, d’une bouche à une oreille, qui devenait à son tour une bouche. Jean était venu tôt pour être sûr d’être bien placé quand l’Empereur sortirait. Car il allait sortir. Sinon pourquoi cette foule ? Elle n’attendait que ça, comme un chat du port qui miaule au retour des pêcheurs pour réclamer quelques têtes de poisson. Aujourd’hui l’Empereur allait parler à son peuple. Et Jean y serait. L’Empereur serait devant lui, et devant cette foule qui lui était acquise. L’estrade était là, au milieu de la Grande Place. Face à la haute grille.
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Guilhem Cornut - Prix du public du Concours d'écriture #1 Les Folles Fictions Nous étions au cœur de l’été et le soleil brulait la peau, sans laisser place à aucun nuage ni aucune brise depuis bientôt deux mois. Le thermostat affichait 50 degrés à l’ombre, à 10 heures du matin. Le gouvernement avait déclaré l’alerte rouge au soleil. Ce qui consistait surtout à l’interdiction d’être à l’extérieur sans sa combinaison, entre 9h et 19h. Autant que je me souvienne, il y avait toujours au moins un moment dans l’été où cette alerte était déclenchée. D’après mon grand- père, les températures avaient augmenté exponentiellement à partir de 2050. Et toujours selon lui, le monde était bien mieux avant. Mais j’avais lu sur l’hypernet que les anciens trouvaient toujours que « C’était mieux avant ! ».
Martin Roqueplo - 3ème au Concours d'écriture #1 Les Folles Fictions Le 12 décembre 1900, Henri Foulquier, journaliste au Matin, écrivait :
Par contre, nous avons l'avantage de posséder, à Paris, une tribu d'Apaches dont les hauteurs de Ménilmontant sont les Montagnes rocheuses. Ceux-ci font beaucoup parler d'eux […]. Ce sont des jeunes hommes pâles, presque toujours imberbes, et l'ornement favori de leur coiffure s'appelle les rouflaquettes. Tout de même, ils vous tuent leur homme comme les plus authentiques sauvages, à ceci près que leurs victimes ne sont pas des étrangers envahisseurs, mais leurs concitoyens français. Le phénomène apache prenant peu à peu de l'ampleur, Joseph Joséphin, célèbre pigiste du Petit Journal, se lançait en septembre 1902 dans une enquête ethnographique de grande ampleur, auprès des Apaches de Belleville, alors sous l'égide du tristement fameux Jules Carnot, dit Gonzague de Belleville. Il ne se doutait pas qu’il arrivait au milieu d’une lutte sanglante opposant les voyous de Belleville à ceux, voisins, de Ménilmontant. Alexandre Evrad - 2nd du concours d'écriture #1 Les Folles Fictions Comme l’impose la tradition, nous nous sommes rassemblés aux portes de Sisteron avant le coucher du soleil. Je dois dire que me retrouver avec tous ces soiffards, au crépuscule, ne m’a guère enchanté au premier abord, surtout par les temps qui courent. Mais le prince Gobanicno fait peu de cas des risques qu’il encoure, surtout quand il choisit de s’entourer de ses ambactes pour fêter Yule. Et évidemment, il fallait que je sois de la partie. Dans le cercle des héros de mon maître, tout homme est tenu de se rincer le gosier avec la meilleure cervoise du pays et de se repaître jusqu’à satiété. Non pas que cela me déplaise, mais la vigilance que je me force à maintenir estompe quelque peu mes envies. Néanmoins, je décide de profiter des réjouissances du cercle, au moins pour un temps.
Romain Baud - 1er prix du concours d'écriture #1 Les Folles Fictions Antoine et Bastien
- Je crois que ça arrive tout seul, tu sais jamais trop au début, essaie d’expliquer Bastien. Tu sais… y’a forcément eu ce moment qui a enlevé toute chance de retour en arrière. Mais quand t’es en plein dedans, tu vois juste pas que c’est trop tard. Et ça peut durer des mois encore. Parce que tu peux plus dire non. Ça a pas de sens d’arrêter. Puis ça n’a pas trop de sens de continuer non plus mais bon. - Tu penses que t’iras mieux un jour ? demande Antoine. - Forcément. Enfin, éventuellement. - J’t’admire j’aurais jamais osé faire ça. Bastien rit mais il ne quitte pas du regard l’herbe devant lui, dans le noir. Un silence s’installe. Mais pas un silence gênant, pense Bastien, un silence agréable. On entend la musique qui vient de l’autre côté de la maison, louée pour l’occasion. de Louis Brach Nous rêvions d’un monde où la surpopulation n’était qu’un cauchemar et où notre Terre chérie était encore respirable. Certains choisirent les étoiles. Les plus riches. Ou ceux qui n’avaient plus rien à perdre. Congelés dans des méga-frigos de plusieurs milliers de kilomètres, ils partirent pour un voyage sans-retour de 20 ans vers Proxima b, « non loin de là ». Beaucoup avaient misé sur cette entreprise, espérant sauver leurs enfants de notre foyer à l’agonie. Mais huit années après le départ en fanfare des 18 vaisseaux avec à leur bord la crème de la crème de l’humanité – les plus riches donc – les instituts de contrôle reçurent un rapport qui oblitéra tout espoir de quitter la Terre. La flotte s’était retrouvée prise dans les restes d’une Supernova qui avait eu lieu cinq mille ans plus tôt. Pas de chance.
"Aziz, pousse-toi !
- Laissez votre pitit frère tronquille, lui oussi il a froid !" La chaudière collective avait pourtant été réparée, mais il faut croire qu'on ne fait plus courir un vieillard unijambiste. Depuis son arrivée en France, elle avait découvert le folklore local : le romantisme avec un prince charmant, le gouffre administratif, la chaleur du climat assortie à celle des parisiens, les joies des maternités surchargées, et celles de la visite chez l'avocat après que le prince charmant a croisé une Belle au Bois Dormant. Elle avait aussi goûté à la gastronomie. Était-ce parce qu'elle adorait les sardines qu'elle vivait avec sept enfants dans un cube de vingt-cinq mètres carrés? Elle ne supportait plus la vue de ses six adolescents et du petit dernier-tête de turc surperposés sur un matelas comme des bouteilles au réfrigérateur. J’rêve d’un monde où quand tu croises un mec et que tu lui demandes si ça va il te répond non.11/24/2018
T’en as pas marre mon gars. C’est toujours les mêmes conversations qui reviennent honnêtement. Et t’apprends rien. T’as pas juste envie que le mec arrive et déballe tout ? Au lieu de te dire « j’viens de Paris » il te dit qu’il se sent mal, que ça va pas chez lui. Qu’il vient de Paris mais que ce weekend-là, il aurait préféré ne jamais y retourner. T’en as pas marre du superficiel ? On pose tous les mêmes questions, on a tous les mêmes réponses. Et pourtant jamais on se connaîtra. Parce que ouais j’rêve d’un monde où quand tu croises un mec et que tu lui demandes si ça va il te répond non. Et je rêve d’un monde dans lequel quand tu réponds non à cette question, on prend le temps de t’écouter. Dans ce monde, tu sais ce qu’il te dirait mon moi dans 30 ans ? Parce que c’est pitoyable, la journée type de mon moi dans 30 ans. J’vais me mettre à la troisième personne pour vous la raconter :
Il y a cet enfant qui te regarde, petite canaille fantomatique, il te scrute de ses yeux transparents mais ne voit qu'un épais mur de pierres, usé et détruit par le lierre qui s'est glissé entre ses briques, quand elles ne se sont pas tout simplement échappées et brisées au sol
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