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J’rêve d’un monde où quand tu croises un mec et que tu lui demandes si ça va il te répond non.11/24/2018
T’en as pas marre mon gars. C’est toujours les mêmes conversations qui reviennent honnêtement. Et t’apprends rien. T’as pas juste envie que le mec arrive et déballe tout ? Au lieu de te dire « j’viens de Paris » il te dit qu’il se sent mal, que ça va pas chez lui. Qu’il vient de Paris mais que ce weekend-là, il aurait préféré ne jamais y retourner. T’en as pas marre du superficiel ? On pose tous les mêmes questions, on a tous les mêmes réponses. Et pourtant jamais on se connaîtra. Parce que ouais j’rêve d’un monde où quand tu croises un mec et que tu lui demandes si ça va il te répond non. Et je rêve d’un monde dans lequel quand tu réponds non à cette question, on prend le temps de t’écouter. Dans ce monde, tu sais ce qu’il te dirait mon moi dans 30 ans ? Parce que c’est pitoyable, la journée type de mon moi dans 30 ans. J’vais me mettre à la troisième personne pour vous la raconter : Il rentre tard. Faut bien rembourser les prêts mais c’est pas ça le problème au fond. Dans le livre qu’il lit y’a trois lunes. Dans le ciel, une seule. Comme d’habitude, sa voisine à moitié cachée derrière les rideaux le regarde. Il n’y fait plus attention. Il arrive chez lui, le repas est prêt. Comme d’habitude, tout est calme. Sa femme le regarde : - « Quel homme..» ne se dit-elle pas. Un jour il fera sa crise. Mais pas aujourd’hui. Aujourd’hui c’est le jour des gnocchis. Ainsi le jour s’achève. Un seul élément notable qui passa pourtant inaperçu : pour la première fois de sa vie, sa femme avait réussi à verser les gnocchis dans l’eau bouillante sans se brûler. Alors demande lui ce qu’il se passe, à mon moi dans 30 ans. Et avec un peu de chance il te dira : Alors non ça va pas non. J’vis avec une femme qui ne me voit pas. Que je ne vois pas. J’sais même plus comment j’en suis arrivé là. La question que je redoute le plus : comment vous vous êtes rencontrés ? Putain tu veux vraiment que je te dise comment on s’est rencontré ? Parce qu’en fait si, je sais comment j’en suis arrivé là. Je sais pourquoi je suis comme ça. Parce que y’a cette fille que j’ai croisé toute ma scolarité. Parce qu’à chaque fois que je l’ai croisé j’ai baissé les yeux, j’ai trébuché. Et le pire c’est que j’me suis enfermé là-dedans, dans ce rêve. Parce que jamais je saurais si elle me convenait. Parce que c’est devenu tellement plus plaisant de se concentrer sur cette image d’elle. Et de me punir pour ça. Alors voilà, au bout d’un moment y’a une autre fille qui est rentrée dans ma vie. J’crois qu’elle était un peu dans le même cas. Je l’ai jugée satisfaisante, elle a dû en faire de même. Mais rien de grand. Rien qui te fasse rêver, qui te fasse croire en Dieu tellement c’est beau. Et dans tes pensées y’a encore cette meuf. Tu l’as pas vu depuis 20 ans mais elle est encore là. Et je me comprends pas. Et je comprends pas les autres. Et ça a toujours été comme ça. Putain mais elle se dit quoi là, ma pseudo femme ? Alors j’rêve d’un monde où le fait de regarder un mec t’ouvre les portes de son âme. Un monde transparent. Parce que putain je crève d’envie de vous comprendre. Et surtout je crève d’envie de savoir quoi vous dire. Tu vois le mec dans la rue et tu sais instantanément ce qu’il ressent. Pas besoin d’observer pendant des heures ses actes pour comprendre qui il est. Mais surtout, je rêve d’un monde où j’pourrais aller voir mon moi d’avant. Ce connard prétentieux qui vit dans son monde imaginaire donc qui vit rien ; tout en se persuadant qui vit tout. Le mec qui se prend pour un virtuose de la passion mais qui est tout le contraire. J’le regarderai dans les yeux. Mais genre très longtemps. J’pense qu’il baisserait les yeux, puis les lèverai juste pour se rendre compte que je le regarde toujours. Et il ne saurait pas où se mettre. Et j’lui dirai un truc, mais… mais qu’après être sûr qu’il m’entende bien. Et surtout qu’il m’écoute. J’lui enlèverai ses putains d’écouteurs qu’il a constamment. Dans lesquels une musique stupide l’enferme encore plus dans son monde pourrit. Cette musique, sur une mélodie triste, dirait un truc du genre : « I’m the hero of the story, I don’t need to be saved”. J’vais te dire un truc que je crève de te dire. Si mon gars, t’as besoin d’être sauvé. T’as besoin qu’on te secoue. Qu’on te claque. Et je rêve d’un monde où tu comprendras enfin ça. Parce que à ton âge. Parce que quand tu croises cette fille, bah t’as encore tout pour créer ce monde dans lequel je rêve de vivre. Alors demain y’a une soirée. J’vais penser à ce que mon moi de 30 ans m’a dit. J’vais la croiser. Peutêtre que je la verrai danser sourire chanter rire avec ce mec, qui est tout le contraire de moi. Mais j’ai été passionné, j’ai été passionnant, j’ai déjà vécu cette aventure de fou une fois alors je peux le refaire. Et là je m’adresse aux autres. Si le lendemain, j’arrive pas avec sa main dans la mienne. Bah perdez pas de temps avec moi. Zappez moi. Parce qu’à nouveau je la croiserai, et rien. Parce que ça ira même plus loin. Elle le lira ce putain de texte. Et en me croisant, elle se dira merde c’est peut-être lui. C’est peut-être lui ce mec anonyme, passionné par une fille anonyme. Et autant elle se dira, « attends peut-être c’est moi la fille ». Et le pire dans tout ça, c’est qu’autant… elle voudrait que ce soit le cas. Dire que tu pourrais vivre le truc de ta vie. Et que ça se fera pas. Et au lieu de cela t’attends avec impatience le jour des gnocchis. Parce que ta future pseudo femme cuisine bien. Mais juste sache que j’accepterais de manger au macdo pour le restant de ma vie, si je pouvais vivre dans le monde où à un moment, j’ai tout mis de côté, j’ai retrouvé mes couilles qui étaient parties tellement loin, et j’ai fait le premier pas, j’lui ai dit le premier mot. Parce que tu sais ce qu’il s’est passé après ? Après ce mot ? Bah, ça s’est fait tout seul.
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